Sport et réfugiés : une intégration par le jeu

Sport et réfugiés : une intégration par le jeu : Le rôle du sport dans l’intégration des réfugiés

Le sport, souvent considéré comme un simple divertissement, joue un rôle crucial dans la société, particulièrement lorsqu’il s’agit d’intégrer des réfugiés et des migrants dans leurs nouveaux environnements. En Europe, et notamment en France, des clubs communautaires et des organisations se mobilisent pour utiliser le sport comme outil d’inclusion et d’intégration. Dans cet article, nous allons explorer comment le sport devient un vecteur de solidarité, de reconstruction et d’intégration pour les réfugiés et les migrants.

Les clubs communautaires : Des lieux de partage et de solidarité

En France, des clubs comme l’Équipe Sans Frontières Paris (ESF) et le Steaua Franta sont des exemples concrets de cette dynamique. L’ESF, fondé en 2017 par Chloé Cassabois, a été créé pour offrir un espace de jeu et d’intégration aux migrants qui, faute de moyens et de papiers, ne pouvaient pas jouer au football ailleurs[1].

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L’histoire de l’ESF Paris

Chloé Cassabois, bénévole au Bureau d’accueil et d’accompagnement des migrants (BAAM), a remarqué que les migrants étaient passionnés de football. Cette passion a déclenché l’idée de créer une équipe pour ces hommes. “Je me suis rendu compte qu’ils étaient tous dingues de football. Ça faisait parler même les plus timides,” raconte-t-elle. Aujourd’hui, la section masculine de l’ESF compte 150 joueurs issus de diverses communautés, comme les Afghans, les Sénégalais, les Ivoiriens, les Maliens, les Camerounais et les Guinéens[1].

Le rôle social des clubs communautaires

Ces clubs ne se limitent pas à l’activité sportive ; ils deviennent des lieux de partage, de solidarité et de reconstruction. Modeste, un joueur de l’ESF, témoigne : “Le fait de rencontrer des personnes, échanger, ça fait vraiment plaisir. Chacun a son expérience, tu vois des gens qui essaient d’oublier ce qu’ils ont quitté et il y a un peu de joie à partager quand même. Il n’y a pas que le foot ici, il y a aussi des liens qu’on tisse étant donné la situation et les épreuves que l’on a traversées”[1].

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L’inclusion des personnes handicapées et marginalisées

Les clubs communautaires ne se limitent pas aux seuls migrants et réfugiés ; ils incluent également des personnes handicapées et marginalisées. L’Étoile Sportive des Sourds de Vitry (ESS Vitry), par exemple, rassemble des joueurs et joueuses atteints de déficience auditive. Ce club omnisport, fondé en 1916, joue un rôle crucial dans la création d’un environnement sportif plus inclusif et plus équitable[1].

Les adaptations nécessaires

Pour inclure les personnes sourdes et malentendantes, des adaptations spécifiques sont mises en place. Christophe Carre, responsable du football et du futsal à l’ESS Vitry, explique : “Juste avant le match, nous informons les arbitres de porter un drapeau et de l’agiter pour nous en cas de faute et un sifflet pour les clubs adverses. Nous communiquons entre nous soit en Langue des Signes Française ou en oralisant selon la communication aisée entre deux personnes et par des gestes courts”[1].

Les fédérations alternatives et leur rôle

Les clubs communautaires souvent ne font pas partie de la Fédération française de football (FFF) en raison de contraintes administratives et de statut de séjour. Ils se tournent alors vers des fédérations alternatives comme la Fédération Sportive et Gymnique du Travail (FSGT), qui se revendique “antifasciste et milite avec des valeurs d’inclusion, de diversité et d’anti-discrimination”[1].

La FSGT : Un exemple de fédération inclusive

La FSGT, fondée en 1934, accueille des clubs de diverses communautés, y compris des clubs LGBTQIA+ et des clubs de réfugiés. Zineb Ajaraam, directrice de la communication à la FSGT, souligne : “Nos politiques d’inclusion permettent à certains pratiquants de rejoindre la FSGT, car ils et elles peuvent y pratiquer un sport ou une activité physique dans le genre avec lequel ils et elles s’identifient, et sans avoir à fournir de justificatifs de séjour sur le territoire”[1].

Les projets européens pour l’inclusion des réfugiés

À l’échelle européenne, des projets et des organisations se mobilisent pour promouvoir l’inclusion des réfugiés et des migrants à travers le sport.

Le Sport Inclusion Network (SPIN)

Le Sport Inclusion Network (SPIN) est une organisation qui travaille à promouvoir l’inclusion sociale des réfugiés et des migrants à travers le sport. SPIN a lancé plusieurs projets, notamment en Afrique, en collaboration avec le HCR et le ministère de la Jeunesse et des Sports sahraoui. Ces projets visent à empoder les jeunes réfugiés et à les intégrer dans les communautés locales via des activités sportives[2].

Exemples de projets SPIN

  • Projet “Empower Diverse Youth” : Ce projet, financé par l’Union européenne, vise à renforcer la participation et l’inclusion des jeunes divers dans les organisations sportives.
  • Festival annuel de Neuer Start : Organisé par un membre de SPIN, ce festival promeut l’inclusion sociale à travers le sport et les échanges culturels[2].

Les défis et les dérives

Malgré les nombreux avantages de ces initiatives, il existe des défis et des dérives qui doivent être abordés.

Les dérives communautaristes

Derrière l’image de solidarité et de cohésion, certaines dérives communautaristes peuvent surgir. Par exemple, le Sète Olympique Football Club a été sanctionné pour communautarisme après avoir intégré un signe religieux sur son logo. De même, le FC Bandera, un club ukrainien, a été exclu de la CFL pour ses liens avec des groupes ultra-nationalistes[1].

La nécessité de régulation

La régulation et le contrôle sont essentiels pour éviter ces dérives. Les services de renseignement enquêtent sur des “dérives communautaires” dans certains clubs de football amateur, soulignant la nécessité d’une surveillance et d’une régulation adéquates[1].

Tableau comparatif des fédérations

Fédération Description Valeurs Inclusion
FFF Fédération française de football Conservatrice, nécessite statut de séjour Limitée
FSGT Fédération Sportive et Gymnique du Travail Antifasciste, inclusive, diversité, anti-discrimination Ouverte aux réfugiés et migrants sans justificatifs de séjour
CFL Commission Football Loisir Inclusive, mixité communautaire Accueille diverses communautés, y compris juives et musulmanes

Conseils pratiques pour les acteurs de l’inclusion

Pour ceux qui souhaitent se lancer dans des projets d’inclusion des réfugiés et des migrants à travers le sport, voici quelques conseils pratiques :

  • Créer des espaces inclusifs : Assurez-vous que vos activités sportives soient accessibles à tous, quel que soit le statut de séjour ou la déficience.
  • Collaborer avec des organisations locales : Travailler avec des organisations locales et des fédérations alternatives peut faciliter l’inclusion et la reconnaissance des projets.
  • Sensibiliser et former : Sensibiliser les entraîneurs et les joueurs aux valeurs d’inclusion et de diversité est crucial pour éviter les dérives communautaristes.
  • Mettre en place des adaptations nécessaires : Comme pour l’ESS Vitry, adapter les règles et les communications pour inclure les personnes handicapées est essentiel. : Le sport, un outil puissant pour l’intégration

Le sport, en tant qu’outil d’inclusion et d’intégration, offre des opportunités uniques pour les réfugiés et les migrants. En créant des espaces de partage, de solidarité et de reconstruction, les clubs communautaires et les fédérations alternatives jouent un rôle vital dans la société. Malgré les défis et les dérives, la régulation et la sensibilisation peuvent garantir que ces initiatives restent positives et inclusives.

En fin de compte, le sport démontre une fois de plus sa capacité à transcender les barrières culturelles et sociales, offrant un espace où les jeunes migrants et réfugiés peuvent se reconstruire, se retrouver et rêver d’un avenir meilleur. Comme le dit Mame, un jeune joueur de l’ESF Paris : “Moi, dans ma tête, je veux devenir joueur professionnel.” Le sport, en tant que vecteur d’intégration, rend ces rêves un peu plus accessibles.

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